
Kadavar
Salle : Transbordeur (Lyon - Villeurbanne)
Première partie :
Rendez-vous de l'Internationale du stoner et du hard-rock revival autour de Kadavar
Soi-même comme un autre : ou plutôt un concert du même groupe - Kadavar - comme un autre. La dernière fois que j'avais eu l'occasion de voir Kadavar sur scène, c'était un peu avant la parenthèse concert free du COVID, à la fin de l'année 2019. En 2025, je m'y rends après m'être difficilement remis du variant Frankenstein. Le concert avait également eu lieu à Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise, mais dans une salle différente (le CCO plutôt que le Transbordeur). A l'époque, la double première partie était prometteuse, puisqu'il s'agissait des Suédois d'Hällas et des Français de Mars Red Sky : toute aussi alléchante était cette année la combinaison stoner des Australiens d'O.R.B et surtout des Norvégien(ne)s de Slomosa. En 2019, Kadavar venait défendre l'excellent For the Dead Travel Fast : en 2025, ils promeuvent le plus ou moins bien reçu I Just Want to Be a Sound, ainsi qu'un album encore inédit (mais disponible sur place à la vente), K.A.D.A.V.A.R.. Bref, des thèmes et des variations.
Dès 20h, O.R.B ouvre les hostilités avec un stoner académique dominé par les déploiements instrumentaux plus ou moins improvisés. Dans un show statique mais plaisant, le trio australien témoigne d'une maîtrise scolaire de la grammaire du jam et du desert-rock - mais de l'Outback plutôt que du Désert de Sonora.
Mais la version glacée du stoner - ou le tundra rock - était bien plus attendue par le public, déjà en délire quand Slomosa arrive sur scène. C'est à se demander qui, du combo norvégien ou de Kadavar, a fait se déplacer les foules au Transbordeur désormais bien rempli. La formation est le phénomène stoner du moment et l'enthousiasme du public est palpable : on hurle "Slomosa", on applaudit avant même la première note et l'ensemble des tires - du second comme du premier album - suscite du chant ou des pogo/mosh/slam. Energique sur scène, le groupe est également reconnaissant vis-à-vis du public avec lequel il échange de façon éminemment sympathique et même politique (on retiendra les huées exigées, en français, contre Marine Le Pen et Jordan Bardella - auxquels est envoyé un "suce ma bite" grossier mais assez bien prononcé malgré l'accent norvégien). Le seul défaut est à adresser à l'ingénieur du son qui aurait pu légèrement augmenté le volume du chant, mais rien qui ne gâche cette superbe prestation - si ce n'est sa brièveté.
Setlist
Cabin Fever (Tundra Rock, 2024)
Rice (Tundra Rock, 2024)
In My Mind's Desert (Slomosa, 2020)
Battling Guns (Tundra Rock, 2024)
There Is Nothing New Under the Sun (Slomosa, 2020)
Kevin (Slomosa, 2020)
Horses (Slomosa, 2020)
Les lumières s'éteignent pour ne laisser apparaître que quatre silhouettes longilignes sur scène, celles des membres de Kadavar, un trio récemment devenu quatuor par l'adjonction d'un deuxième guitariste également adepte de lutherie électronique dont les ondes ouvrent le show dans une atmosphère à la Tangerine Dream. Tout au long du spectacle, les jeux de lumière seront riches et travaillés, non sans faire courir de risques aux épileptiques, et la qualité sonore s'avèrera impeccable et parfaitement équilibrée, ce qui est d'autant plus remarquable que la musique de Kadavar est riche en saturation caverneuse et en effets bruyants.
Le morceau d'ouverture est extrait du huitième album à paraître en novembre, le somptueux "Lies", qui sublime le style Kadavar-ien au point d'avoir un potentiel de futur classique du groupe. Plus loin, les musiciens proposeront également "Total Annihilation", une excellente composition sur laquelle ils s'essayent à une esthétique plus metallique et quasiment extrême. En outre, l'autre album de 2025 aura également droit à deux apparitions, et si nous avions plutôt mal reçu cet opus, force est de constater que la transcription scénique a permis de dévoiler "I Just Want to Be a Sound" et "Regeneration" sous un nouveau jour bien plus plaisant.
Du reste, ce sont les deux premiers albums qui se taillent la part du lion, entre un "Black Sun" très vite inauguré et un "Doomsday Machine" annoncé en grandes pompes, mais l'interprétation est résolument efficace, plus hard-rock que doom - ce qui participe selon nous, à rendre ce show exceptionnel. Ainsi, l'absence d'extraits issus de For the Dead Travel Fast (2019) se justifie parfaitement au regard de la volonté du groupe sur cette tournée, si bien que nous ne sommes pas vraiment déçus par l'oblitération de notre album préféré. De même, les morceaux de Berlin ("Lord of the Sky") ou de Rough Times ("Die Baby Die") relèvent également l'énergie globale du concert.
Kadavar affirme donc qu'il n'est pas qu'une vieille gloire de la scène revival, mais qu'il est bien toujours présent en tant que référence sur scène mais aussi en studio - à tous ceux qui ont pu être perplexes à l'écoute du dernier album, sachez que celui-ci révèle son potentiel sur scène et surtout, que le prochain opus sera mémorable. Rendez-vous novembre avec K.A.D.A.V.A.R..
Setlist
Lies (K.A.D.A.V.A.R., 2025)
Black Sun (Kadavar, 2012)
Living in Your Head (Kadavar, 2012)
Lord of the Sky (Berlin, 2015)
I Just Want to Be a Sound (I Just Want to Be a Sound, 2025)
Last Living Dinosaur (Berlin, 2015)
Die Baby Die (Rough Times, 2017)
Regeneration (I Just Want to Be a Sound, 2025)
Total Annihilation (K.A.D.A.V.A.R., 2025)
Doomsday Machine (Abra Kadavar, 2013)
Creature of the Demon (Kadavar, 2012)
Come Back Life (Abra Kadavar, 2013)
All Our Thoughts (Kadavar, 2012)