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Critique d'album

Zach Bryan


Zach Bryan


(25/08/2023 - Belting Bronco (Warner) - Americana - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- Fear and Friday's (Poem) / 2- Overtime / 3- Summertime's Close / 4- East Side of Sorrow / 5- Hey Driver (feat. The War and Treaty) / 6- Fear and Friday's / 7- Ticking / 8- Holy Roller (feat. Sierra Ferrell) / 9- Jake's Piano - Long Island / 10- El Dorado / 11- I Remember Everything (feat. Kacey Musgraves) / 12- Tourniquet / 13- Spotless (feat. The Lumineers) / 14- Tradesman / 15- Smaller Acts / 16- Oklahoman Son
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"No Country For Old Men"
Diego, le 23/09/2023
( mots)

La musique country revêt encore à ce jour le statut d’énigme pour nous autres européens, peut-être encore davantage pour nous Français. Ce genre, pourtant générateur de passions et porte-drapeau de tout un pan de la culture outre atlantique, n’a jamais réellement réussi son implantation ailleurs que dans son terreau natal. Y a-t-il seulement déjà eu une tentative d’exportation de ces artistes portant fièrement l’american way of life comme une philosophie, un mode de vie transcendant le quotidien et les vies parfois banales des zones les plus reculées des Etats-Unis ? Ce n’est pas certain… A l’image de la devise du New Hampshire, pour les artistes country, "Live Free Or Die". Pas question de travestir des codes si marqués ou d’édulcorer des compositions reconnaissables entre milles dans un but de conquête impérialiste.


Je me rappelle même gamin de jouer à découvrir les radios du monde avec Winamp (ok boomer), et de me marrer en tombant sur les radios country. Du haut de mon jugement d’une dizaine d’années et de mes jeunes oreilles, toutes les chansons se ressemblaient tellement que les radios s’apparentaient à des flots continus de chants traitant des mêmes sujets de la même manière. L’analyse est peut-être simpliste, mais elle reflète une réalité que tout amateur de musique non américain n’est pas loin d’assumer. 


Alors bien sûr, il y a les éternels Willie Nelson et Dolly Parton que même le grand public serait à même d’identifier, mais autrement, les interactions des auditeurs du reste du monde se limitent à quelques chansons de Tom Petty ou Springsteen. Ces-derniers ont cependant été suffisamment malins pour rythmer un peu les compositions monotones et les critiques se sont efforcées de parler d’Americana plutôt que de country music. 


L’artiste dont il est question dans cette chronique fait preuve d’une souplesse remarquable, en reprenant à la fois les marqueurs classiques de la country et en faisant preuve d’une fraîcheur et d’une modernité complètement bluffante. 


Nous pouvons évoquer pour illustrer le premier point, les titres "Summertime’s Close", nostalgie faite musique, ou encore le nasillard et poétique "Hey Driver". Il est question de mettre des bières au frais, de chercher de la douceur chez des gens qui mettent encore du sucre dans leur ice tea ou encore d’écouter les conseils prophétiques de la figure du père. Les cases sont déjà quasiment toutes cochées. L’harmonica vient enfoncer le clou sur "Fear and Friday’s" et son refrain percutant "I got a fear dear, that’s it’s a Friday spark, You only love me like you mean it when it’s after dark" / "Quelque chose m'effraie ma chère, c'est qu'il s'agisse d'une étincelle de vendredi, tu ne m'aimes sincèrement que dans la nuit". La guitare slide entremêlée du violon sur "Ticking" en font un autre modèle du genre, sans jamais verser dans le tire larme ou la caricature. Le refrain, encore une fois, est une impeccable démonstration du génie mélodique de Bryan


Le garçon est en effet talentueux. Il n’en est pas à son coup d’essai : il avait déjà, en 2022, publié un album fleuve d’une trentaine de chansons, dont "Something in the Orange", ballade folk country qui avait trusté les streams et les radios sudistes… Il additionne au talent l’intelligence de savoir bien s’entourer. Le duo avec Sierra Ferrell respecte de nouveau le template parfait de la chanson populaire du genre. Les folkeux de The Lumineers se pointent également sur "Spotless", qui fait remarquer que Bryan ne manque pas non plus de confiance : le duo avec l’artiste le plus connu du disque est loin d’en être la meilleure chanson ! 


Kacey Musgraves fait, elle, une apparition remarquée sur une des perles de l’album. "I Remember Everything" condense ce que la folk du sud des États-Unis a de plus reconnaissable ("do I remember you your daddy in his 88 ford" est probablement la phrase la plus country de l’album). Le refrain fait, lui, appelle à un côté pop totalement irrésistible, notamment lorsque les voix des deux artistes se mélangent. La voix claire de Bryan se fait cassante, rocailleuse lorsque celui-ci la pousse dans ses retranchements. Frissons garantis. 


Nous n’avons pas particulièrement pour intention de faire de la chronique country une habitude, ni de renommer le webzine albumcountry.net, alors que peut bien faire la chronique de ce disque chez nous ? Il faut se pencher sur les comètes rock qui déchirent le ciel d’Oklahoma, comme "Overtime". Dès la deuxième chanson, Zach Bryan se permet de caser l’hymne américain en intro, avant de tout envoyer bouler à l’aide des cuivres. L’ombre de Springsteen et des cols bleus plane sur le morceau. "Tourniquet" et ses arpèges de piano laissent petit à petit place au meilleur solo de guitare du disque. Le titre est en tout cas un modèle de power ballad, tant par le crescendo que par la qualité d’écriture de Bryan


Le bonhomme sait décidemment tout faire. Il se permet même d’inventer une sorte de folk slam sur le titre d’intro, où il parvient à transmettre une émotion folle avec quelques phrases narrées et trois accords de guitare. 


Pour conclure cet article sur la meilleure note possible, si l’argumentaire vis-à-vis de la country ne vous a pas convaincu, je vous supplie d’aller écouter tout de même "East Side of Sorrow". Probablement l’incarnation de la modernisation du genre, une vague entrainante inarrêtable qui synthétise tout ce que Bryan sait faire de bien. La deuxième reprise du refrain fait partie de ces petits moments de bonheur que seule la musique peut apporter. 


"I’m too young to even know myself"/"Je suis même trop jeune pour me connâitre" clame le compositeur sur "Ticking". Certes, le bonhomme est jeune, mais la classe et la fraicheur de ses chansons donnent une foi aveugle en l’avenir. 


 A écouter : "East Side of Sorrow", "Overtime", "Tourniquet".

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